Au siècle dernier, le Canada participe à des conflits armés. Parmi ceux-ci, la Dominion Bridge Company participera à la Première Guerre mondiale (1914-1918) et à la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945).
Devant la nécessité de contribuer à l’effort de guerre, la production est orientée afin de répondre aux besoins militaires.
La Première Guerre mondiale
En 1914, les affaires étrangères du Canada sont gérées en Angleterre et, le 4 août l’Empire britannique, duquel fait alors partie le Canada, est en guerre (Morton, D., 2013).
La guerre nuit à l’économie, notamment en ce qui concerne la construction de chemins de fer. Mais, les Canadiens sont prêts à financer l’effort de guerre et en 1915, le gouvernement recueille 100 millions de dollars. Deux ans plus tard, il lance l‘emprunt de la Victoire et, encore une fois les gens ordinaires répondent à l’appel. Par contre, malgré une dette nationale qui passe de 463 millions à 2,46 milliards, le Canada ne se ressent pas trop du poids de tous ces emprunts en raison de ses énormes exportations de blé, de bois et de munitions.
Des industriels forment le Comité des obus, ce qui leur permet d’obtenir des contrats pour la fabrication de munitions destinées à l’artillerie britannique. Une nouvelle industrie venait de se former. Des difficultés à répondre aux commandes font en sorte que le gouvernement britannique exige la réorganisation de l’entreprise. Ainsi nait la Commission impériale des munitions, un organisme britannique implanté au pays. En 1917, sous la direction de Joseph Flavelle (1858-1939), cette entreprise est la plus importante au Canada avec 250 000 travailleurs. Après avoir approvisionné les Britanniques, elle desservira les Américains. Dès 1914, une grande partie de la capacité de la Dominion Bridge Company est dévouée à la fabrique de munitions.

Source: Bibliothèque et Archives Canada/Dominion Bridge Company fonds/a102711
La demande est telle pour subvenir aux besoins militaires que l’usine est réorganisée, agrandie et équipée. L’entreprise fabriqua également pour la marine les chaudières Scotch pour cargos en plus de manufacturer d’autres matériaux militaires. Les obus furent majoritairement fabriqués par des femmes, embauchées pour pourvoir les postes laissés vacants par les hommes enrôlés dans l’Armée canadienne.

Source: Bibliothèque et Archives Canada/Fonds du ministère des Forces armées outre-mer du Canada/a024534
Les femmes et l’effort de guerre
Le « front intérieur » constitue un apport essentiel à l’effort de guerre. Ce sont des civils, y compris des femmes, enfants, adolescents et immigrants, qui travaillent, notamment dans les usines au pays, à la fois pour maintenir une économie locale mais également pour subvenir aux besoins outre-mer.

Source: Bibliothèque et Archives Canada/Fonds du ministère des Forces armées outre-mer du Canada/e011169400
Conscription de 1917 oblige, les femmes viennent en renfort oeuvrer dans les usines sidérurgiques.
Ainsi, durant la Première Guerre mondiale, les femmes font leur entrée à l’usine Dominion Bridge Company. Jusqu’à ce moment, les postes qui leurs sont confiés étaient jugés trop physiquement ou techniquement exigeant pour les femmes.
Certaines usines de munitions, comme la Montréal Ammunition, engagent un grand nombre de femmes. Des centaines d’entre elles sont également engagées par la Dominion Bridge, la Canadian Car and Foundry et les Ateliers du Grand Tronc (Parcs Canada, 2019).
La Dominion Bridge Company engagera plusieurs femmes pour exécuter le travail de précision et, fait plutôt rare à l’époque, les paiera selon le principe du salaire égal pour un travail égal. À la fin du conflit, la plupart d’entre elles perdront leur emploi, suivant le retour des hommes.
La Deuxième Guerre mondiale
Si au début de la Guerre, l’engagement du Canada en Europe est limité, cela change rapidement. Le déploiement militaire canadien se traduit par l’engagement de soldats qui combattront lors de l’invasion de l’Italie en 1943, de la Bataille de Normandie en 1944 et de la libération de la Belgique et des Pays-Bas en 1944 et 1945.
Encore une fois, la Dominion Bridge Company est engagée dans l’effort de guerre au cours de laquelle, outre les munitions, elle fabriquera des cales sèches flottantes grâce auxquelles on pourra réparer les navires endommagés par les tirs de sous-marins allemands durant la bataille de l’Atlantique. Elles seront amarrées à Halifax. Des cargos destinés à ravitailler l’Europe seront également construits par l’entreprise.
Sources
Image mise de l’avant : Titre: L’ancien serriculteur Vincent Grozelle (à gauche) et l’ancien vendeur d’articles de mercerie et assistant d’entrepreneur en pompes funèbres William Mirrlees sont maintenant employés dans l’atelier de mécanique à l’usine de munitions de la Dominion Bridge Company Source: Bibliothèque et Archives Canada/Fonds de l’Office national du film/e000761882
Desloges, Y. & A. Gelly, 2002, Le canal de Lachine : Du tumulte des flots. L’essor industriel et urbain 1860-1950, Sillery (Québec) : Les éditions du Septentrion, 215 pages.
Dominion Bridge Company, 1945, Builders in steel, Lachine, P.Q. : Dominion Bridge, 64 pages.
Dominion Bridge Company, 1972, Cavalcade of steel 1882-1972, Montréal : Dominion Bridge Co., 96 pages.
Gris Orange Consultant inc., 2021, « Recherche historique – Étude de l’intérêt patrimonial, Partie I», Usine Dominion Bridge Company, décembre 2020 – février 2021 (non publiée).
Joncas, C.-H., 2014, « L’héritage de la Dominion Bridge : entre le matériel et l’immatériel », Spacing Montreal – History, 19 avril 2014. En ligne : http://spacing.ca/montreal/2014/04/19/lheritage-de-la-dominion-bridge-entre-le-materiel-et-limmateriel/.
Morton, D., 2013, « Première Guerre mondiale », L’Encyclopédie canadienne, publié le 5 août 2013, modifié le 28 mars 2020. En ligne : https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/premiere-guerre-mondiale.
Parcs Canada, 2019, « L’impact des femmes sur le développement économique », Lieu historique national du Canal-de-Lachine, 3 août 2019. En ligne : https://www.pc.gc.ca/fr/lhn-nhs/qc/canallachine/culture/histoire-history/femme-impact-women.
Ponts Jacques Cartier + Champlain Bridges, 2017, « Dominion Bridge Company, 9 mars 2017. En ligne : https://jacquescartierchamplain.ca/dominion-bridge-company/?lang=en.
Staff Article, 1916, « Dominion Bridge Co.Ltd., and Subsidiaires, Lachine, P.Q. », Canadian Machinery and Manufacturing News, The MacLean Publishing Company, 28 décembre 1916, vol.XVI, no.26, pp.665-668. En ligne : http://www.trainweb.org/oldtimetrains/General/Dominion_Bridge.htm.
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